C'est exactement ça qui s'est passé. Je pensais rester plusieurs jours à Akchour ; tout le monde m'en avait dit beaucoup de bien. On me l'avait conté comme un endroit perdu en montagne, sauvage, avec un cadre époustouflant, idyllique, la fraîcheur de la rivière, des cascades, le pont de dieu, épastrouillant !
Me voila donc parti vendredi matin, après une mauvaise nuit (un sacré mal de bide), des passages aux toilettes qui n'augurent rien de bon, mais la motiv' quand même. J'y vais à pied évidemment, et en route, je découvre que c'est la saison de coupe du cannabis, présent un peu partout. ça sent bon du coup. Je me goinfre de figues de barbarie, bien mûres, sans trop me piquer !, ça va pas mal quoi. A ce moment, je vois passer plusieurs ânes chargés de cannabis, ça embaume carrément là, sur des dizaines de mètres à chaque chargement ; j'aime bien.
Ensuite, ça se gâte, parce que les gens ne sont pas bien contents qu'un occidental se ballade entre leurs champs de cannabis, c'est l'impression que ça me donne. Ils ne sont pas accueillants comme ailleurs auparavant, et me regardent tous d'un air méfiant. Seuls les enfants, surtout les petites filles, m'interpellent joyeusement avec des "hola !".
Le cadre à Akchour est très joli, je reconnais, mais c'est totalement loupé pour être peinard en pleine nature. Il y a des touristes à foison, surtout des marocains. Je me pose un moment, le temps de piquer une tête dans la belle rivière à l'eau diaphane, de me restaurer et de réfléchir à la suite. Au fur et à mesure que je m'enquiers des bons endroits pour dormir, il se révèle qu'il est assez peu sûr de dormir ici, surtout seul, car avec les touristes sont venus les voleurs de touristes. Je quitte alors ce lieu magnifique en prévoyant déjà d'y retourner, sans le gros sac, pour pouvoir aller aux cascades au-dessus, ainsi qu'au pont de dieu, un pont entre deux montagnes formé par un gros rocher.
Dans le taxi du retour, on est que cinq alors on a payé 30 dh ou lieu de 25 normalement.
Je commence à discuter avec un gars, et quand je lui raconte les champs de cannabis et les gens peu amènes de me voir, il me demande si j'ai vu des kalachnikovs !! Et ensuite il m'explique qu'il y a des zones d'exploitations familiales, et d'autres où s'est géré par des bandes organisées, et que dans ces cas-là ça peut être dangereux. Des fois, ils tirent d'abord et réfléchissent ensuite. Aïe, aïe, aïe, ouille ! ça me remémore salement les gugusses avec des fusils à pompe et des AK 47 que j'avais vu le premier jour. Ils étaient en contre-bas d'une piste, sur laquelle j'étais, et remontaient pour rejoindre deux gros 4x4 noirs. ça avait été le moment où j'ai marché le plus vite de ma première journée au Maroc !
Je retourne à mon petit hôtel où j'ai élu domicile, et je demande alors à Moustafa, un des deux types responsables de l'accueil, ce qu'il pense de mon projet de passer à pied dans le Rif pour aller à Fez. Je lui demande à lui parce que je m'entends très bien avec lui depuis le début, et parce qu'il va souvent marcher autour de Chefchaouen. On partage nos expériences de marche, "alors t'es allé où aujourd'hui ?..." des trucs comme ça. Et ben, il n'avait pas l'air enthousiasmé du tout ! Apparemment, la zone que je vise pour sa tranquillité apparente et le peu de monde, est justement comme ça parce qu'il y règne des gangs du cannabis, du genre beaucoup plus méchants que les gens que j'ai vu en allant à Akchour. Même lui, marocain, évite cette zone ! Caramba, encore raté ! Pour marcher peinard je veux dire.
Le Chefchaouen de tous les jours :
Au cours de mes repérages dans la médina, j'avais repéré un petit restaurant sympa, pas cher, pour aller y manger des tajines de temps en temps. Et devinez quoi, en sortant la première fois, je me suis aperçu que ce restaurant s'appelle le Granada ! Dingue non ?
Contrairement à la France, il y a plein d'abeilles, partout, partout, partout au Maroc ! Les gens sont habitués, et ne les tuent pas hystériquement avec des bombes insecticides comme on pourrait le voir en France dans de similaires conditions.
La nature, globalement, a l'air d'y être plus prospère. Sûrement qu'ici ils utilisent moins de pesticides, insecticides, engrais et autres trucs malsains à gogo. ça leur permet d'éviter de tuer leur sol. En marchant, j'ai vu beaucoup de faucons qui chassaient les campagnols et autres petits animaux dans le genre par exemple. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de pollution, loin de là, il y a partout des déchets divers, beaucoup de plastique sous toutes ses formes, mais c'est plus une pollution visuelle. Ce n'est pas comme la nôtre, invisible mais qui décime les plantes et les animaux.
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