(Sommaire de mes articles sur le matos de rando accessible dans la catégorie "Les incontournables de ce blog".)
Quelques points importants à connaître si on veut se lancer dans l'achat ou la confection (sur le sujet, voir ma tentative de réalisation de sac de couchage et le pied d'éléphant qui l'a remplacé finalement) d'un sac de couchage en duvet.
D'abord, être sûr que c'est bien le duvet qui convient, et non de l'isolant en fibres synthétiques.
Rappel (cf. cet article) : nuits à la belle étoile = synthétiques à presque tous les coups.
J'ai décomposé le choix en quatre étapes :
- déterminer la température de confort idoine,
- choisir l'indice de gonflant,
- choisir les tissus,
- les derniers points pouvant influencer le choix.
Après ça, il faut choisir la température de confort. L'avantage des sacs en duvet ici est qu'ils ont une plage d'utilisation bien plus étendue que ceux en synthétique. En ce qui me concerne, si j'utilise un +5°C synthétique à 10-12°C, j'ai l'impression d'être dans une étuve, il faut donc que j'ouvre, et quelques heures plus tard je me gèle une petite moitié du corps. Moralité : c'est pas cool. Alors que c'est encore bon avec un sac en duvet.
Les femmes ayant un métabolisme en moyenne plus lent que celui des hommes, il leur faut un sac de couchage un peu plus isolant. L'écart se fait surtout sentir quand on passe sous les -10°C il semblerait. Et de toutes les façons, entre un homme frileux et un autre pas, il y aura une différence de plusiseurs degré. Le facteur psychologique n'est pas négligeable non plus je pense, si on est persuadé qu'on va cailler, même le meilleur 000 ne pourra rien pour vous sauvez du glaglatage programmé.
Certains fabricants donnent une température confort pour homme et une autre pour femme, ça peut aider à avoir un ordre d'idée de l'écart moyen entre les deux sexes.
Dans tous les cas, il y a au moins deux valeurs : Tc la température de confort et Tlc la température limite de confort. En gros, Tlc correspond à la température à laquelle on dort bien quand tout va bien, bien mangé, bien bu et pas trop fatigué, et Tc correspond à celle quand au contraire on est claqué, et/ou qu'on a la dalle, et/ou qu'on crève de soif.
Ce n'est pas ce que vous diront les grands pontes du domaine, ni même les vendeurs en magasin, mais c'est pourtant très vrai je pense.
Pour finir, peu de fabricants respectent la norme européenne pour mesurer la température. Et quand ils le font les valeurs sont assez (très en fait) pessimistes. Cette norme impose en effet de modéliser quelqu'un sur le dos (pourquoi pas), à poil (bonjour la crasse que ramasse le pauvre sac !), et sans tapis de sol (mais oui, tous les jours !) !
Valandré le fait, par exemple, ce qui donne des résultats assez peu réalistes. De ce fait ce fabricant rajoute une autre température d'utilisation beaucoup plus proche de la réalité ; il y a au moins 5°C d'écart, si ce n'est pas plus !
Une fois la température de confort choisie, il faut choisir la qualité du duvet. La donnée importante cette fois est l'indice de gonflant du duvet. C'est une valeur en cu.in, par exemple 700 cu.in, ce qui indique le volume en inch cube, occupé par une once de duvet. Plus la valeur est élevée, meilleur est le duvet.
Un duvet de moins de 650 cu.in n'est pas terrible, entre 650 cu.in et 750 cu.in c'est du bon, et au-delà on tombe dans les Rolls des sacs en duvet. Mais attention au porte-monnaie, c'est cher les Rolls !
Il paraît en revanche qu'un super duvet, à 800 cu.in par exemple, serait plus sensible à l'humidité. Je n'ai pas testé si c'est vrai ou non. Cela semble simplement logique car pour faire le même boulot il y a besoin de moins de duvet 800 cu.in que de duvet 650 cu.in, et donc s'il faut éponger la même quantité d'eau, à la fin il reste plus de duvet 650 cu.in sec et encore efficace que de duvet 800 cu.in.
A ce sujet, une marque a mis au point un traitement rendant le duvet hydrophobe, et encore plus cher. Je ne sais pas si c'est du bidon mais j'ai tendance à penser que même si ça marche au début, au bout d'un moment le naturel revient au galop et que donc on se retrouve avec un duvet bien hydrophile comme d'habitude, sauf qu'on l'a payé plus cher. Après si on a les moyens de changer de veste et de sac de couchage tous les ans...
J'ajoute que selon moi il n'y a pas de différence entre duvet de canard et duvet oie, quelle soit grise, blanche ou violette. En effet ce qui compte vraiment est la quantité d'air emprisonnée par le duvet, car c'est lui qui isole. On en revient donc au fait qu'il faut un bon indice de gonflant, point barre.
Sur le site randonner-leger.org, il y a un wiki dédié à ce sujet pour ceux qui souhaitent plus d'informations. Ce même wiki donne des formules, issues de recoupements des données des fabricants, indiquant les températures de confort et limite confort.
Tc = -0,0413*Ic+14,1
Tlc = -0,0491*Ic+9,92 avec Ic = Mduvet*Ig
Mduvet = la masse de duvet présente dans le sac de couchage, en kilogrammes. Exemple 0,5 pour 500 grammes de duvet.
Ig = l'indice de gonflant, en cu.in. Exemple : 700
Le dernier point important est le choix des tissus, intérieurs et extérieurs.
Certains sacs sont orientés clairement UL, ultra-léger, et ont des tissus très fins et fragiles. Ils ne sont pas lourds mais ils demanderont plus d'attention pour ne pas les déchirer.
D'autres au contraire jouent la carte plus ""rustique"", avec beaucoup de guillemets car ça reste des sac de couchage en duvet, et possèdent des tissus plus costauds, on peut donc faire plus de choses avec sans trop risquer de les éventrer.
Il existe des sacs de couchage avec un tissu extérieur déperlant, pour lutter contre la rosée. Je n'ai jamais essayé, je ne sais pas si c'est réellement efficace. C'est sûrement mieux au moins.
Dernières broutilles à vérifier
Il faut une bonne colerette et de bons rabats sur les zips si on veut un vrai sac pour des températures négatives.
D'autre part, une coupe chiadée avec de nombreux compartiments est généralement synonyme de meilleure répartition du duvet, et donc le sac de couchage sera plus efficace.
Certains sacs n'ont pas de zip, et donc isolent mieux à masse de duvet égale, mais je les trouve trop spécifiques : on ne peut pas les ouvrir pour s'adapter à des températures plus clémentes, ce qui pour des voyages au long cours est rédibitoire. Pour deux semaines au Spitzberg c'est peut-être un bon plan en revanche.
Si on veut jumeler deux sacs de couchage, s'assurer que c'est possible, et prendre des sacs de couchage avec les zips pas du même côté !
Je pense avoir fait le tour de tout ce qui importe pour choisir son sac de couchage. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez me le faire savoir par commentaires, ça rendra service au futurs lecteurs. Merci d'avance.
Arvi !