Depuis l'alliance des Toucouleurs du nord du Sénégal avec les Almoravides au XI siècle, et l'aide de ces derniers à repousser l'emprise de l'empire du Ghana, moult traits arabes sont passés dans la culture sénégalaise. Passons en revue les plus importants.
La plus visible de ces influences, et la plus audible aussi, c'est la religion. Entre 90 et 95% des sénégalais sont musulmans. Comme l'islam n'est pas organisé comme l'église catholique, i.e. il n'est pas centralisé autour d'un seul bonhomme, les sénégalais ne sont pas tous les mêmes musulmans en quelque sorte. Les points communs sont les mêmes que partout ailleurs dans le monde : les cinq pilliers de l'islam, les cinq prières, le coran...
Les deux plus grosses sectes, ou courants si vous préférez, sont les mourides et les tidjianes. Les premiers sont de loin les plus nombreux, ils doivent représenter au moins la moitié des fidèles musulmans du Sénégal.
Il y a un énorme pèlerinage chaque année à Touba, fief des mourides, quarante jours après le nouvel an musulman ; ça tombait le jour de l'an grégorien cette année ! Subséquemment, il n'y avait presque personne dans les rues à la Saint Sylvestre et le lendemain : ils étaient tous partis à Touba. Touba était un gros village il y a encore 15 ans, et c'est maintenant la deuxième ville du pays.
Parenthèse sur les marabouts. Ce sont les anciens sorcier-guérisseur-prédicateur du temps païen qui ont senti le vent tourner il y a mille ans et qui sont devenus des sortes d'imams, de saints vivants vénérés par les fidèles. Au Sénégal, ce sont donc des leaders musulmans, à la tête de leur secte. Dans les pays plus animistes, ils sont restés les sorciers-guérisseur-prédicateur qui interprètent les esprits et connaissent les herbes médicinales, ceux qu'on voit parfois dans les films.
Sous l'influence de la religion, l'homosexualité est interdite par la loi et le mariage avec jusqu'à quatre femmes autorisé. Avec l'islam, on trouve aussi l'excision, qui concerne 28% des femmes de 15-45 ans au Sénégal (donnée Unicef). Cette pratique est légalement interdite, mais continue d'être pratiquée. Pour le lien avec l'islam, je ne peux pas l'expliquer car je ne connais pas l'explication (hé, logique), mais si on compare une carte de l'Afrique de la répartition de l'islam avec une autre de la répartition de l'excision, en Afrique noire la corrélation saute aux yeux (au Maghreb, soit ils ne pratiquent pas l'excision, soit ce n'est pas dit dans les cartes que j'ai vues). Attention ce n'est pas dû directement à l'islam, car cette religion ne recommande pas l'excision que je sache, et dans les pays musulmans asiatiques cette pratique n'existe pas. Je dis simplement qu'il y a une très forte corrélation entre les deux en Afrique, et je ne sais pas pourquoi.
Également empruntés aux arabes et aux tamasheqs - plus fréquemment appelés touaregs, mais ils n'aiment pas trop être appelés de cette façon car c'est une déformation française d'un terme arabe signifiant "abandonnés de dieu" - sont les vêtements. Les hommes portent souvent le boubou, qui est très similaire à la djellaba, avec souvent des couleurs qu'on retrouve chez les maures ou les tamasheqs, en particulier le bleu.
Les femmes ont souvent un voile ou un foulard noué sur la tête, ce dernier semble être réservé aux femmes mariées, qui le montrent et qui souvent ne sont plus toutes jeunes. Je crois que je n'ai jamais vu de fille de moins de trente ou trente-cinq ans avec un foulard noué, alors qu'on en voit avec des voiles, imposés souvent par le père ceux-là. Pour l'anecdote, quand j'ai demandé à Aïda pourquoi sa soeur Youni (qui a trois enfants) porte le foulard et pas elle ni ses autres soeurs plus jeunes, elle m'a répondu "parce qu'elle est vieille". CQFD.
Directement venu du nord, le thé ! Ici aussi il y a le rituel du thé, avec les trois thés, le premier très fort et amer, le deuxième moins fort et plus sucré et le dernier avec peu de goût et très très sucré. C'est facile à expliquer, ils font les trois thés avec les mêmes feuilles, il est normal qu'elles infusent de moins en moins. Et ils ajoutent toujours plus de sucre. ça les occupent beaucoup, car ça prend longtemps de faire le thé. C'est justement ce qui est recherché : ça occupe une après-midi et c'est très bien comme ça. Les champions du thé sont les gardiens de maison ou d'immeuble car ils ont tous les jours le temps de s'exercer.
RAS (Réponses aux Adorateurs de leur Suzerain, héhé rien que ça, fallait bien que je trouve une calembredaine à dire) :
Je vois que certains ont bien compris comment on dit bonjour, d'après les commentaires ! Mais je ne suis pas sûr qu'à l'écrit ça soit très judicieux, l'aspect un peu ridicule du rituel est violemment mis en exergue.
D'autre part, non il n'y a pas de taxis-moto comme les "zems" du Bénin et du Togo, ça serait bien trop dangereux car les gens conduisent vraiment n'importe comment, et il y a beaucoup de voitures, donc beaucoup de danger.
J'ai suivi le sage conseil de Rémi, et je ne suis pas encore retourné travailler, et comme je pars pour la Guinée dans pas longtemps...
Je pense quitter Dakar vers le cinq février, plus ou moins deux jours, pour aller d'abord au Siné-Sallum (milieu du Sénégal) voir des mangroves, puis dans le sud-est du Sénégal voir des coins paumés et des collines, avant de passer de ce trou perdu à un trou-du-cul-du-monde encore plus paumé en Guinée. Si ça marche, car j'ai besoin de poste-frontière et de retirer des francs guinéens, pas gagné là-bas, je tomberai directement dans une belle zone montagneuse, pas loin du puis dans le Fouta Djalon, déjà nettement moins "à l'ouest". Je compte traverser cette zone pépèrement puis arriver à Conakry fin février pour y retrouver un ami.
Après quoi, pas de folle descente de l'Afrique !! Le roi du monde aime le froid, la neige et les coins tranquilles en montagne (pas besoin de gravir trop d'échelons pour être roi du monde dans des endroits comme ça), et ça commence à lui manquer sérieusement, alors retour à la suite de Kilien le 10 mars !!
ça va me permettre d'aller me ressourcer en montagne !!!
Je vais profiter du tour en France pour pouvoir réaliser ce rêve : une transat à la voile, ce qui est extrêmement difficile à dégoter en Afrique, et juste difficile à trouver en France.
Je vais par conséquent chercher un tour de voile en Méditerranée pour avoir une expérience sérieuse qui augmentera mes chances d'être accepté pour une transatlantique, en vue de rallier l'Amérique du Sud à la voile l'automne prochain. La suite des aventures internationales sera donc dans quelques mois sur le nouveau continent. En attendant, chaque jour en France sera lui aussi une aventure, suffit de vouloir.
Dans l'aventure, je vais chercher à faire une récolte d'abricots et des vendanges pour remettre le niveau de mes caisses au plus haut, parce qu'être roi des chemineaux ne rapporte pas grand chose...
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