On est arrivé au Sénégal il y a une semaine déjà, mais il n'y a pas eu avant aujourd'hui de concordance entre l'accès internet et le temps pour écrire un article.
Je vais reprendre dans l'ordre notre parcours pour passer de Marrakech à Dakar.
Pour aller du Maroc au Sénégal, pas le choix, il faut traverser la Mauritanie. Et pour cela, il faut un visa qui doit obligatoirement être pris à Rabat. Par conséquent, de Marrakech on est remonté au nord à Rabat avant de descendre plein sud.
Car de nuit, pris à 1h30 à la gare CTM de Marrakech, arrivée à 5h30 à Rabat. Le plan était de marcher entièrement jusqu'à l'ambassade de Mauritanie, mais un taxi super sympa nous a avancés gratuitement dans la bonne direction, et hop, la moitié de faite sans trop se fouler. La fin de notre marche d'approche a été un peu délicate car on a tourné un moment dans le quartier des ambassades avant de trouver la bonne. Une fois devant à 7h pile, on a vu qu'il fallait y être à partir de 9h, alors on est allé se prendre un petit dèj, faire nos photocopies de passeport et imprimer le formulaire pour être bien en règle lors de la demande de visa. Au retour, trente minutes en avance, il y avait déjà la queue !! Tout s'est bien passé, sauf que j'avais deux photos d'identités différentes, et il paraîtrait que c'est éliminatoire, alors j'ai dû aller en courant à 1500m pour en faire faire. Dans la file d'attente, on a sympathisé avec un australien surfeur et globe-trotteur, Cole, et on a passé la soirée avec lui. On devrait se recroiser à Dakar, où il va venir faire du surf dans quelques jours.
Lundi 29 octobre, dépôt de la demande, et mardi 30, retrait du passeport avec le visa. On nous avait dit de venir en avance et on a bien fait d'écouter le gars, car il est écrit de venir à 15h mais on a eu le passeport un peu avant 14h en fait. Matthieu a été viaïpisé, il a eu droit à 315 jours de visa ! mais avec une seule entrée. On est parti mardi 30 donc, dans la voiture d'Abdoul, un ivoirien qui nous a pris en stop, ainsi qu'un congolais, Juvénel. C'était une 406 en bon état, qu'il comptait revendre une fois à destination. Pour aller plus vite, j'ai pris le relais mercredi matin, un peu avant Tan-Tan jusqu'à Tarfaya.
Exceptés les très nombreux barrages (une vingtaine je dirais) de gendarmes royaux qui essayent à chaque fois de soutirer de l'argent illégalement, ça s'est bien passé. Juste une fois, un gendarme encore plus zélé que les autres nous a mis une prune de 300dh car Abdoul avait oublié le triangle de signalisation en cas d'accident. Il fait souvent la route, et c'était son premier oubli, dommage. On a attendu trois heures mercredi soir pour essayer de ne pas payer, mais on a craqué les premiers et on a payé.
Mini-nuit dans la voiture jeudi matin, et passage de la frontière en fin de matinée, le preñier novembre, six mois pile après mon départ !!! Côté marocain, pas de souci, on a bien expliqué, avec Matthieu, qu'on était en stop et qu'on avait pas d'argent, et on est passé sans qu'ils insistent trop pour qu'on paye un "bakchich", dans le mauvais sens du terme. Traversée du no man's land de trois ou quatre kilomètres pour arriver à la frontière mauritanienne. Là, surprise, aucun souci de bakchich ! On a bien discuté et attendu à chaque fois (deux contrôles différents), mais les mauritaniens ont été très cools, et nous ont laissés passer sans encombre. ça les a bien fait rire, les 315 jours de visa avec une seule entrée.
Une fois côté mauritanien, on a un peu snobé le responsable de l'office national du Tourisme, car on se faisait du mouron pour Abdoul qui avait du mal à passer avec sa 406 (450dh de bakchich pour lui au final). Le mec, un maure détestable, hautain et ultra-raciste, a complètement pété une durite quand on est allé voir Abdoul qui nous faisait signe de l'autre côté de la barrière. Il l'a insulté devant tout le monde, et nous a fait un discours édifiant sur les "mangeurs de singe" noir, ces "zéros" incapables de se diriger seuls... Au passage, il nous a aussi traités de sauvages, tout ça pendant une demi-heure, c'était loooooong.
Abdoul a ensuite roulé bien vite, ce qui nous a permis d'être à 18h à Nouakchott. Les policiers et gendarmes divers de Mauritanie ont un peu failli à leur réputation, heureusement pour nous, car ils ont essayé de nous soutirer un petit quelque chose uniquement au dernier arrêt avant Nouakchott, et sans être trop insistants en plus.
On s'est séparé là avec Abdoul, car il a continué vers le Mali pendant qu'on s'installait dans une auberge pas chère avec Juvénel. Auberge bizarre où le gérant était un fumeur de shit-buveur de bière gentil, mais un peu à l'ouest du coup.
Pour finir notre traversée de la Mauritanie, on a pris un taxi R21 de Nouakchott à Rosso. Ce n'est pas cher, mais heureusement vu le confort ! On met le même nombre de personnes que dans une 505 au Maroc (2+4+3), sauf qu'il y a beaucoup moins de place pour les trois gugusses sur la banquette tout à l'arrière, et pas de bol, les trois gugusses, c'était nous. Au bout de trente minutes, on a crevé, alors on a dû faire un arrêt. Une heure plus tard, on s'est arrêté pour admirer un dromadaire encastré dans une belle Toyota neuve, mais complètement explosée à cause du dromadaire. Le conducteur était encore plus en charpie, coincé sous le dromadaire.
Le passage de frontières s'est bien déroulé à Rosso ; on a traversé le Sénégal en ferry et enfin on est arrivé en Afrique noire. Le changement d'atmosphère nous a bluffés. à Rosso, côté sénégalais, les gens étaient tout de suite moins excités, moins sur les nerfs, beaucoup plus rigolards, de meilleure humeur quoi ! Et ça fait vraiment du bien, particulièrement quand on est sur les rotules comme on l'était.
Dans l'ensemble, cette traversée a été une super expérience. Certes, on était complètement abruti par le voyage non-stop, on était mou, affamé, déphasé, en manque de sommeil, mais on a vu des paysages grandioses par leur inhospitalité parfois, on a vécu un passage de frontière très long et assez unique, et surtout on a fait la descente avec Abdoul, qui était un ivoirien très intéressant. Il est installé en Espagne depuis bientôt dix ans, et son témoignage à propos de son aventure en Europe était poignant.
Et non Titi, l'aventurier a tout traversé avec Matthieu, ce n'était pas pour tout de suite le retour à la solitude. On va se quitter dans deux ou trois jours, car il a moins de temps que moi et va donc quitter Dakar rapidement pour aller en bus samedi ou dimanche prochain à Bamako puis viser le Togo.
Les aventures sénégalaises dans le prochain billet.
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