Une fois à Rosso, on a tout de suite cherché à aller à Saint-Louis, où nous attendaient Ana et Paulo, chez qui on était censé arrivé directement à Dakar. Taxi 505 sans surcharge, et hop-là !, nous voilà à Saint-Louis. A l'arrivée à Saint-Louis, on voulait appeler Ana, se connecter dans un cyber car Matthieu attendait une réponse pour un éventuel boulot et manger un bout. On a commencé par le cyber, croyant commender par internet, mais on a été invité à partager le plat des gérants, alors j'ai commencé par le repas, pendant que Matthieu retirait des sous. Matthieu a enchaîné sans souci avec une petit surf sur internet, et moi je suis parti en quête d'un télécentre. Bigre, quelle galère !
Connaissant Lomé, où il y en avait partout il y a deux ans, j'étais plutôt confiant, malgré la poussée du téléphone portable. Ben mon colon, tu parles d'une quête ! Pas possible de passer un coup de fil dans un télécentre, il n'y en a plus. Alors j'ai acheté une puce Orange (à la mauvaise heure, même ça c'était coton) avec 1000 FCFA de crédit dessus, et tout est rentré dans l'ordre. On a retrouvé Ana sur le pont Eiffel qui relie le continent à l'île de Saint-Louis, qui constitue le centre ville historique, de style colonial. C'est le pont le plus léger du monde paraît-il ! Comparativement à ssa taille bien sûr.
On a tout de suite approuvé le plan d'Ana et Paulo, qui était simplement de visiter le parc du Djoudj le lendemain, samedi 3 novembre. On a suivi Ana au "campement", où elle avait réservé une case, et où on a campé avec Matthieu, même si ce n'était pas trop prévu que ce soit possible. Le lendemain, début d'une grosse, grosse, grosse journée.
Dans le meilleur des mondes, si ça avait marché comme sur des roulettes, on partait tôt en vélo pour l'embarcadère (avec un vélo en plus qu'on aurait poser là où on prend les billets, pour Paulo), où Paulo devait nous rejoindre vers midi trente, on faisait le tour en pirogue tranquilou, puis on rentrait.
En pratique, ça donne un plan pourri du genre de ce qui suit. Début avec une heure de retard, à 9h30, quand on part, enfin, après avoir refait le monde trois fois en un p'tit déj pas si petit que ça, à pied pour l'entrée du parc, à 800 mètres du campement. Sur place, on apprend qu'il faut retourner au campement car c'est là-bas que sont stockés les vélos. Dans le grand style raffiné de f****** de g*****, c'est pas trop mal. Enfin bon, on rentre au campement avec nos billets d'entrée au parc et d'embarquement sur la pirogue, pour quand on y sera enfin, peut-être. L'état des vélos est terrible, apocalyptique, atterrant, catastrophant, et j'en passe. On respire un grand coup, on rigole en se disant "ma fois, c'est l'Afrique ! c'est ce qu'on est venu chercher, non ?" et on se met à les remettre en état de marche sommaire, à savoir on se concentre sur les selles et les potences qui bougent allègrement, sur les pneus à plat et on laisse tomber les vitesses et les plateaux bloqués, les roues voilées et les freins qui ne marchent pas. On n'oublie pas de mettre un coup d'huile aux chaînes, pour leur laisser une chance de ne pas rompre, et enfin on passe de quatre épaves à deux vélos qui roulent vaguement. En fait trois, mais grâce à l'intervention du "mécano" du village juste à côté, qui avait un peu plus de clés pour faire les réglages. On part tout guilleret pour l'entrée, à 700 mètres du village, où on attend que Paulo nous rejoigne car mine de rien il est déjà midi. Il arrive vers midi trente, ce qui constitue un fait incroyable : il est à l'heure ! Mais pas nous... On fait le plein de calories - on mange une barre pâtissière à quatre - on boit un coup, en ne manquant pas de remarquer qu'il faudra se rationner en eau, puis, tadam, on part enfin pour l'embarcadère !
7 km de piste, on se dit, malgré les trois vélos pour quatre, c'est dans la poche ! Sauf que, un kilomètre plus loin, grosse crevaison de mon vélo, au moment où je repars après avoir photographié un phacochère. Je le planque (le vélo bien sûr), puis je continue en courant. Il est entre une heure et une heure et demie, le soleil tape diablement fort, j'ai soif, j'ai faim, je sors de trois jours de voiture abrutissants, et me voilà en train de courir. Vous en rêvez tous les jours, avouez.
A ce moment-là, j'étais très très content d'avoir mon chèche sur la tête. Matthieu a pris un peu le relais avant que je ne finisse mi en courant, mi en marchant. Le pauvre a couru sans la chemise, ce qui fait qu'il a bien chauffé : quand on arrive à la pirogue, il est à moitié mort d'insolation et de soif, donc deux fois plus que moi car la part insolation ne me concerne pas. On achète une bouteille d'eau hors de prix puis on embarque avec un riche couple africain et leur guide.
Une heure trente de ballade fluviale à observer des oiseaux par centaines, c'est sympa. On a vu des hérons cendrés à la pelle, de même que des cormorans, des guépiers chamarrés et des oiseaux-serpents, et des pélicans à la pelleteuse ! ça fait beaucoup, c'était très impressionnant !!! On est allé juste à côté de leur site de reproduction, où ils étaient tous aglutinés comme des sardines en boîte. A noter que plus tôt dans la journée, on avait eu la chance d'observer une grue couronnée en vol. Matthieu a récupéré lors de l'excursion nautique, et on avait de nouveau la pêche au retour à l'embarcadère. Le "mécano" était venu nous rejoindre ; je suis rentré rapidement avec lui pour lui montrer le vélo hors-service, qu'il a ramené en marchant, pendant qu'en marchant je poussais deux vélos (pas le choix, à cause de la piste et vu l'état des vélos) en allant à la rencontre des trois autres qui arrivaient, en marchant avec un vélo.
Après cette aventure, on est monté dans le taxi que Paulo avait négocié, une 205 en super état, et on est rentré à Saint-Louis par le chemin où il y avait beaucoup de piste, à fond malgré les nids de poule (d'autruche oui !).
Nuit à l'auberge de jeunesse de Saint-Louis, puis dimanche, trajet Saint-Louis - Dakar en bus Mercedes surbondé. Trajet très agréable finalement, car on était à côté d'une jolie tailleuse sénégalaise, qui nous a donné un cours de wolof passionnant. Une fois à "patte d'oie", un grand carrefour à l'entrée de Dakar, on est monté par miracle dans un bus complètement archi-surpeuplé. On a donné nos sacs à la fille qui distribue les tickets, qui a un compartiment spécial, puis on a essayé de monter dans le bus, avec un succès mitigé puisque qu'au début je tenais à la force des bras, les trois-quart du corps en dehors du bus.
Une fois arrivé devant chez Paulo et Ana, on les appelle et là, surprise ! Leur taxi est en panne, il faut donc les attendre. Alors, ben, on attend. Paulo rappelle plus tard pour nous donner rendez-vous avec une amie qui nous a donné les clefs à cette occasion. On retourne devant la porte, avec les clefs cette fois, et on découvre que la porte a été forcée quelques jours plus tôt, elle ne s'ouvre plus ! Je suis passé par dessus le mur avec le gardien, et on a ouvert la porte en se débrouillant. En gros, il a bourriné comme un malade - pile quand j'avais compris ce qu'il fallait faire - et il a ouvert la porte qu'après on ne pouvait plus refermer à cause de son travail de brute.
C'était le le cadet de nos soucis, on est monté au premier et on a pris une bonne douche. Après la douche, le séjour à Dakar a vraiment commencé avec un petit verre de Ricard en compagnie d'Ana et Paulo enfin arrivés ; ça ne pouvait pas mieux commencer !