J'aurais dû savoir que ça arriverait, j'ai trop écouté l'ouverture 1812 de Piotr Ilitch à Grenade^^.
Bon, après de longs jours d'absence, me voilà de retour pour conter ma fin de campagne espagnole. Pour résumer : ça a tourné au fiasco.
Je suis parti mardi 21 août en fin d'après-midi de Grenade, de la piscine où j'étais allé avec les amis chiliens qui m'ont hébergé exactement. Le plan était simple, limpide, promettait un parcours fluide et réalisable malgré la fournaise andalouse. C'était : prendre le bus pour Antequera et de là suivre le GR7 jusqu'à Tarifa, ou Algéciras suivant la motivation à la fin. ça a marché sans problème pour aller à Antequera, après, c'est le début de la galère, de ma bérézina de trois jours, dans laquelle le rôle des grognards décimés était tenu par mes nerfs, qui claquaient les uns après les autres au fur et à mesure que je ne trouvais pas le chemin, que j'étais de plus en plus crevé, cramé, poisseux...
Il faut savoir que le GR7 est très mal balisé, voire pas du tout sur certaines portions, d'après un espagnol qui l'a parcouru intégralement ( et d'après moi aussi !!!!!). Lui a pu le faire car il avait un guide du GR, des cartes au 25 000°, et que ça à faire. Pour ce qui est de moi, on prend tout à la négative et on constate donc que je n'avais aucune chance.
Là où ça se corse, c'est qu'il n'y a pas d'autre chemin non plus. Seulement des routes, des barrières délimitant fidèlement des propriétés privées, et des clebards un peu partout qui goûteraient bien mes mollets s'ils le pouvaient. J'ai donc dormi dans les quelques endroits accessibles, dans des champs d'oliviers par exemple. L'Andalousie, malheureusement pour moi, n'est globalement pas sauvage, à part dans les parcs, et encore (à Monachil, c'était joli mais pas sauvage par exemple). Moi qui espérait marcher en pleine nature...
Là où ça m'achève, c'est que comme pour la bérézina, on a en acteur majeur le climat : il fait une chaleur exceptionnelle cette année en Andalousie, et aussi au Maroc d'ailleurs, on n'arrête pas de me le dire depuis que j'y suis. Imaginez la vague de chaleur qui a touché la France fin août, essayez péniblement d'imaginer bien pire, et vous y êtes.
Au bout de trois jours, j'ai pris un bus pour Algéciras, ville miraculeusement fraîche !!, où j'ai encore cherché à marcher une soirée, mais ça s'est soldé par dormir à l'arrache (vraiment plus que d'habitude je veux dire) pas trop loin de la ville (j'ai dû faire demi-tour dans la nuit tellement je ne trouvais pas d'endroit pour dormir) pour ensuite vite prendre un hôtel, ce qui m'a ouvert l'accès à une douche bien méritée, et une nuit où j'ai dormi pour de vrai.
à l'occasion de cette tentative d'évasion d'Algéciras, j'ai réalisé mon plus mauvais rapport kilomètres parcourus à vol d'oiseau sur kilomètres parcourus sur les routes. Je pense avoir atteint environ 1/8, respect quand même !!!!! C'est ce qui a définitevement terminé de finir de m'achever complètement. Je me suis couché à côté du cimetière à minuit, avec le moral dans les chaussettes.
Pour ajouter une touche positive, et pour qu'on ne m'accuse pas de descendre complètement l'Andalousie - ce que je ne fais nullement, c'est juste un endroit pas fait pour marcher comme je le fais - je me sens en devoir de raconter ma rencontre avec des jeunes bien gentils et serviables à Antequera. Je les ai croisés le premier soir en allant vers le golf, car le GR passe à côté il paraît. Ils m'ont demandé ce que je faisais, si j'étais en pélerinage. Ils m'ont indiqué comment aller au golf et m'ont souhaité bonne chance. Après avoir bien tourné en rond pendant des heures, le lendemain je les ai rencontrés à nouveau dans un petit parc, à côté du point ultra stratégique que représentait une fontaine. On a discuté un moment, en espagnol, ce qui limite quelque peu les échanges il est vrai, et ils m'ont offert une sorte de pique-nique, avec sandwichs, pain au chocolat et soda, si c'est pas cool ça !! ça m'a temporairement remonté le moral.
Une autre rencontre marrante fut celle avec un SDF qui voulait que je dorme avec lui à Algéciras, le premier soir, avant que je ne parte pour entreprendre mon évasion. Il ne parlait que l'espagnol lui aussi ; il a quand même réussi à m'expliquer où il mangeait, où il se douchait et où il dormait, tout ça gratuitement bien sûr. Il ne voulait pas dormir seul, car "contre les maures c'est mieux quand on est deux" qu'il m'a dit.
Après le repos à Algéciras, j'ai pris dimanche 26 août un ferry pour Tanger Med - entre Tanger et Ceuta - en me disant que l'aventure allait prendre un nouveau tournant, et en espérant ardemment ne pas tomber de Charybde en Scylla.
Et si Charybde avait bien été là, Scylla pour sa part ne se montra pas !!!
En effet, le début au Maroc s'est avéré refléter ce que j'avais anticipé : beaucoup de chemins, ou des pistes ou des petites routes peu fréquentées, car les marocains n'ont pas encore une société totalement autocentrée comme la nôtre, pas de barrière, peu de chiens et des gens sympathiques qui m'ont aidé spontanément . Alors qu'ils ne parlaient pas un mot de français, juste quelques mots d'espagnol (bien souvent moins que moi, c'est dire^^).
La suite dans mon prochain article, consacré à mon arrivée triomphante en Afrique.
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